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Couleur Lauragais : les journaux

Serge Ramel, collectionneur de jouets métalliques

Noël approche, ce moment magique où les enfants vont demeurer émerveillés devant les jouets déposés par le Père Noël. Qui ne se souvient avec émotion de son premier train reçu à Noël, de ses soldats de plomb se livrant d'improbables batailles, de ses poupées superbes... ou plus simplement de ses chères Dinky Toys ?
Nous avons voulu en savoir plus sur l’histoire des jouets qui remonte à l’antiquité, puisque les plus vieux jouets connus ont été trouvés dans les tombes de civilisations très anciennes, comme l’Egypte pharaonique ou les cultures mésopotamiennes. Le premier jouet référencé est le yo-yo : de jeunes gens en train de s’y exercer ont été peints sur des vases grecs datés du IVème siècle avant J.C.
De tous temps, les jouets ont eu pour raison d’être de permettre aux enfants d’imiter leurs aînés en utilisant à leur échelle des reproductions des objets du monde des adultes.

Depuis de nombreuse années, Serge Ramel qui réside à saint Félix Lauragais se passionne pour les jouets qui étaient à la mode au siècle dernier, les jouets en tôle (on les appelle aussi jouets métalliques ou en fer-blanc). Son plaisir, comme pour tout collectionneur est de découvrir l’objet rare, de le remettre en état s’il le nécessite et de contribuer ainsi au maintien des témoignages essentiels de notre civilisation.
Serge Ramel nous raconte l’histoire de ces jouets métalliques et nous présente ses plus belles pièces.


La collection de side-cars
de Serge Ramel



Nuremberg, capitale de la fabrication de jouets au XXème siècle

Depuis plus de 600 ans, l'activité de Nuremberg en Allemagne est traditionnellement organisée autour du jouet. Jusque vers 1850, les jouets de Nuremberg en Allemagne sont encore en majorité fabriqués manuellement à partir de matériaux tels que le bois, le papier ou le papier mâché. A partir de 1850, cependant, l'utilisation plus fréquente de presses et de presses à estamper à fonctionnement manuel ou automatique, ainsi que la production moins onéreuse de la tôle permettent de fabriquer, en usine, des jouets en métal. On voit ainsi les ateliers traditionnels qui travaillent les métaux et les nouvelles entreprises fondées par de riches marchands se transformer peu à peu en fabriques de jouets en métal. Leurs produits de haute qualité reflètent une société toujours plus marquée par les avancées technologiques (trains, machines à vapeur, figurines mécaniques, lanternes magiques, etc.) et donnent vie à un "monde métallique". Nuremberg est devenue le premier centre de production de jouets en métal. Ses produits sont vendus dans le monde entier par l'intermédiaire des plus importantes sociétés d'exportation. Serge Ramel nous cite alors des marques prestigieuses : Schuco, l’une des plus connues, Bing ou encore Lehman. Il possède d’ailleurs dans sa collection, le chien Schuco qui fit un tabac au moment de sa sortie.

Les avions tournent autour
du globe terrestre



Le célèbre chien Schuco

Le téléphérique progresse
le long de son fil



On tourne la clé et les canetons
suivent leur maman

La première guerre mondiale met à mal les entreprises de fabrication de jouets de Nuremberg qui se voient contraintes de se convertir à la production d’armes et repartir à zéro à la fin de la guerre. D’autres pays européens en profitent alors pour entrer dans la course à la production de jouets en métal ; d’abord l’Espagne puis la France et l’Angleterre.
La seconde guerre mondiale vient à nouveau stopper la production de ces jouets et seules quelques entreprises reprendront leur activité à la fin de la guerre.
Le succès sourit une nouvelle fois à Nuremberg pendant les années 50. Schuco, avec plus de 800 employés, devient le premier fabricant de jouets en Europe.

Les effets de la mondialisation et l’arrivée des jouets en plastique

A la fin de la seconde guerre mondiale, la concurrence internationale se fait plus rude avec principalement l'extraordinaire croissance des industries américaine et asiatique du jouet. De plus, dès les années 50, le plastique commence à remplacer progressivement les jouet en fer-blanc bien meilleur marché. Seules ont pu survivre les entreprises spécialisées dans la production de trains électriques et les fabricants à même de proposer des idées novatrices, de nouvelles techniques et des matériaux de pointe. Nous citerons parmi elles Playmobil, entreprise basée près de Nuremberg, qui encore aujourd’hui produit une énorme gamme de jouets en plastique qui font le bonheur de nos enfants.



Les jouets en plastique vont remplacer
progressivement les jouets métalliques
(ici des Playmobil)

 

Et la France ?

Née en 1934, la firme strasbourgeoise Joustra ("Jouets de Strasbourg" en contraction) a créé des centaines de modèles et reste l'une des plus grandes marques de l'histoire du jouet en tôle. Durant plus de trente ans, des générations successives d'enfants se sont passionnées pour ces jouets mécaniques remarquables, à la fois robustes, esthétiques et drôles. Les sujets mécaniques animés sont restés très présents dans l'imaginaire de nombreux petits garçons.
La firme Joustra a connu ses heures de gloire dans les années 50-60 où elle acquit le titre de premier constructeur eu-ropéen de jou-ets mécaniques avec 6 à 7 millions de jouets par an. Elle était surtout réputée pour ses voitures miniatures et téléguidées dont tous les modèles d'après-guerre. D'autres jouets, les bateaux, les grues, les camions de pompiers...s’ajoutaient à la production. Elle subit cependant elle aussi la concurrence asiatique dans les années 1980.
Serge Ramel nous signale également que dans les années 60, les constructeurs automobiles se lanceront aussi dans la production de répliques de leurs modèles (Renault, Citroën...). Il nous montre aussi la Panhard fabriquée par Joustra qu’il a dénichée, voiture ô ! combien célèbre à cette époque.

Voiture de course Schuco



La fameuse Panhard fabriqué par Joustra



Rosalie Grand Prix fabriquée par Citroën



Prototype JRD avec personnage en bois



Automobile MS conduite par une femme (année 50)




Modèle ancien


Pouquoi ce succès des jouets en tôle

il suffit d’écouter parler Serge Ramel pour comprendre les raisons du succès de ces jouets. Il les dépeint comme des répliques fidèles de modèles existants, des lithographies très soignées, avec d’infinis petits détails, des couleurs rayonnantes et en plus des modèles dotés de mécanismes très précis qui reproduisent des sons, qui leur permettent d’avancer, bref de se comporter comme leur modèle original. C’est ainsi que la première moto miniature propulsée par un moteur électrique à pile vit le jour au milieu des années 1960.
Et Serge Ramel de nous expliquer le fonctionnement de quelques-uns des ses modèles personnels : le poisson qui en mange un autre, l’avion qui fait des looping, l’éléphant qui fait du vélo, le singe qui monte à une branche, la barque qui fonctionne à thermosiphon... Des mécanismes qui ont enchanté les enfants durant de nombreuses années car comme nous l’avons dit dans notre introduction ils se complaisent à imiter au plus près leurs aînés.


La bougie chauffe la réserve d'eau et la
barque avance sur l'eau en faisant "pout, pout"
(thermosiphon)



Singe grimpant à la corde

 

Aujourd’hui, on assiste à un renouveau du jouet en fer-blanc : les entreprises qui ont survécu (Marklin, Lehmann ou Payà) fabriquent des répliques plus ou moins fidèles de leurs anciens modèles.
Alors si comme Serge Ramel vous vous découvrez une passion pour ces jouets anciens, vous ferez une vraie surprise à vos enfants en leur offrant un jouet auquel ils ne s’attendent sûrement pas.

Interview :
Christine LE MORVAN

Bibliographie :
- Histoire de l’industrie et du commerce du jouet à Nuremberg - Helmut SCHWARZ
- Jouets en fer-blanc de collection, Fabbri

Crédit photos : Couleur Média

Couleur Lauragais n°78 - Décembre 2005/Janvier 2006